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Culture Cirque 22 juillet 2021
Culture Cirque 22 juillet 2021·
// 𝐒𝐨𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞̀𝐫𝐞 // Enfin ! Le plaisir se lisait sur les visages : ceux des élèves, du public, et de bien d’autres. Des mois de frustration et de désenchantement à ne pas pouvoir s’exprimer, libérés hier pour la première du « Cycle de l’absurde » à La Villette, création de fin d’études de la 32ème promotion du CNAC (Centre National des Arts du Cirque). 14 prodiges qui nous rappellent que nous pouvons être fiers de notre jeunesse circassienne, et brandir là aussi la carte du #MadeInFrance. Fierté partagée par Raphaëlle Boitel, souriante et apaisée après cette première, heureuse de nous confirmer la belle cohésion entre ces jeunes pousses, qui participe assurément au succès de ce spectacle. On sent bien sûr les influences de la metteuse en scène et de son équipe : un plateau habillé de noir et de blanc, un habillage lumière
remarquable, et une musique créée pour l’occasion qui colle à la peau des artistes. Un univers propice à l’expression de chacun, et le résultat est au rendez-vous. Des séquences puissantes et généreuses, qui permettent aux artistes d’exalter leurs émotions. Là, ce n’est pas une surprise. Ce qui en est une, c’est l’insertion de passages burlesques et réellement divertissants, qui cassent les codes du genre pour offrir au public une légèreté qui fait du bien, vraiment du bien. Les tableaux collectifs sont ponctués de grandes traversées du plateau, aux pas vifs et déterminés, sans doute à l’image de l’énergie qu’auront ces artistes à avancer dans leur carrière. Nous avons tout aimé, c’est évident. Mais s’il fallait saluer quelques coups de coeur, nous mentionnerions tout d’abord une séquence séduction en équilibre sur vélo, dont l’espièglerie digne d’un Jacques Tati est réellement irrésistible. Bien sûr, le tableau « Les agrès » dont les élèves nous avaient tant parlé est effectivement une réussite, et se termine par une bestiale performance à la corde volante qui laisse sans voix. La mise en scène à 13 mains d’un passage au sangles, au coeur d’un dispositif cathédrale, entremêlé de cordages, est clairement un souvenir marquant. Et pour terminer, on craque pour la personnification des accessoires de jonglage, captivant notamment les enfants présents lors de cette première. Beau travail les filles, beau travail les gars.
Le Cycle de L’absurde
Par les élèves de la 32ème promotion du CNAC
Actuellement à La Villette (Paris)
Crédit photo : Christophe Raynaud deLage


La revue du spectacle .fr
CIRQUE & RUE
CNAC 2021 "Le Cycle de l'absurde"… Dare d'Art
Comme chaque année, le CNAC est à la Grande Halle de la Villette avec aujourd'hui sa trente-deuxième promotion et la compagnie "L'oublié(e)" composée de ses quinze étudiants, ses sept nationalités et ses douze disciplines circassiennes dans une mise en scène de Raphaëlle Boitel de grande allure.
C'est beau, frais, tissé d'art et de poésie. Cette création est un puzzle où chaque pièce est un élément qui s'emboîte, s'imbrique dans un ensemble plus vaste. Tout s'ordonne autour du thème du cycle de l'absurde à travers les comportements, relations et caractères de chaque personnage. Ainsi on y découvre, entre autres types qui englobent un vaste panel d'émotions, un "romantique" avec sa balle, un suicidaire, une jalouse, un ami encombrant et une volée avec son voleur au détour de la fidélité, du désespoir, de l'amour, de l'amitié, de tensions, d'aide et de camaraderie.
Lumière sombre sur une scène circulaire autour de laquelle est disposé le public avec en cercle la trente-deuxième promotion du CNAC (Centre National des Arts du Cirque) et au centre une balle blanche éclairée. L'entame de la représentation est à l'image de la troupe, ensemble et jamais en solo dans des numéros où un clair-obscur dessine plus les artistes qu'il ne les éclaire. Presque sombres, jamais vives et frontales, les lumières donnent un vrai relief à la scénographie.
La difficulté technique, indéniable, peut être passée presque au second plan car la mise en scène de Raphaëlle Boitel nous emmène dans un espace-temps où chaque bout d'histoires est nourri de théâtre, d'humour et d'une gestuelle souvent courbe, aérienne, poétique en contradiction, parfois, avec les sentiments portés par les personnages. C'est ce rapport entre ces émotions et les mouvements les accompagnant qui font du spectacle une odyssée artistique où le public peut être autant séduit par la scénographie, la musique, les fables racontées que les acrobaties.
Le théâtre, toujours physique, souvent verbale, ne s'immisce pas, il fait partie intégrante de la représentation avec de très beaux tableaux autant aériens que terriens. Le mélange des deux est aussi au menu avec des ruptures de temps et de rythme qui oscillent entre des moments méditatifs et vifs. Ainsi, numéros de cordes lisse et volante, d'acro-danse, d'équilibre sur vélo, de trapèze Washington, d'acrobaties, de trapèze fixe, de roue allemande, de portés acrobatiques, de sangles, de jongleries, de fil et de sangles s'enchaînent. Non à tour de rôle, mais en appui, voire en imbrication avec des histoires qui se relient les unes aux autres. Une sortie alterne automatiquement par une entrée, une course à une autre, une tension à une retrouvaille comme dans un vaudeville.
La terre, le sable et la poussière nous emmènent parfois à mi-chemin entre vie et mort, éveil et enterrement, cache et découverte dans une sorte de pénombre dans laquelle se glissent les tumultes de la vie. La musique, entraînante à souhait, rythme le spectacle comme une course du temps qui bat la mesure avec entrain. Un vrai délice artistique.

© Christophe Raynaud de Lage/CNAC.